Nous savons que le parfum de la terre est exigeant et rare, qu’il ne se laissera capturer qu’au prix du temps qu’il faut pour le faire, avec respect et sensibilité, avec connaissance et passion.

Nous aimons que ce temps soit incompressible, qu’il nous oblige à l’attendre, qu’il nous incite à le maîtriser.

Il aura fallu arpenter l’Atlas pour y trouver son Cèdre, cueillir les tiges du Géranium des îles de Bourdon, récolter la Bergamote naturelle de Calabre ou de Sicile, recueillir le Patchouli du cœur de l’Indonésie, ou la Rose de Damas entre les mois de mai et juillet…

Nous cherchons les sols et les terres doués pour donner le meilleur des écorces, des racines, des pétales. Nous savons que la nature savamment taillée par les éléments, n’offrira pas les mêmes notes d’un humus à l’autre, d’une saison de pluie à un ciel d’été…

Il aura fallu défier les Chamanes d’Équateur pour qu’ils laissent à d’autres peaux le Palo Santo, bois sacré et protégé des Incas… Il aura fallu des pots traditionnels de porcelaine pour transporter de Chine la concrète des fleurs d’Osmanthus…

Nous savons que la quête de la perfection olfactive doit laisser libre cours à la création, oser l’audace et croire aveuglément. 

Notre liberté est sans contrainte. Le parfum est créé comme une œuvre d’art. Il est unique et libre, capricieux et fragile,

D’eau froide et essence, de macération en distillation, il faudra compter des milliers d’instants pour qu’au bout d’un long voyage minutieux et instable, l’imminence de l’effluve paraisse, si forte et si frêle.